Les DEEE au Cameroun ? quelques points d’ajustements !

Déchets Electriques et Electroniques (DEEE)

L’importation d’équipements électriques et électroniques usagés n’est pas un problème en soi car le concept de déchets est à géométrie variable. Le meilleur exemple est évident en Europe ou par exemple en France, des structures comme Emmaüs ou le réseau Envie rénovent des produits usagés pour prolonger leur durée de vie et permettre à d’autres personnes de s’équiper à moindre coûts. C’est un progrès pour l’environnement !

La situation au Cameroun

Pour le Cameroun, avec un niveau de vie des habitants très bas, l’importation de ces produits est aussi pour eux un moyen de s’équiper. Réalité économique oblige ; personne ne va exporter un produit qui n’a pas de potentiel sauf à vouloir contourner la législation des déchets. L’exportation de déchets «ultimes», grâce à la législation internationale a été fort heureusement canalisée sinon stoppée.

 

Au Cameroun, le problème du financement du traitement de ces appareils, à l’origine neufs ou d’occasions, reste entier.

  • Il y a bien une législation qui en théorie oblige tout importateur (pas ou peu de fabrications locales) pour faire rentrer un produit dans le pays, d’acheter un certificat auprès d’une entreprise habilitée par le ministère de l’environnement pour la collecte et le traitement des DEEE. En réalité ce marché concurrentiel des certificats n’est pas réservé à des entreprises en activité. Le cout de ce certificat est donc factice et ne génère pas, par exemple, pas de revenus pour une structure opérationnelle comme Solidarité Technologique. La résolution de cette aberration doit être avant tout législative ou réglementaire.

Place du secteur informel

Concernant la place des informels ou « attaquants » la prise en compte de l’écosystème permet de dresser deux aspects différents concernant l’activité de ce secteur.

  • Sur la collecte, le réseau des attaquants est à l’évidence un schéma d’organisation très efficace de collecte amont des déchets des ménages, avec tous les avantages liés au fait de capter le gisement des ménages à la source. La prestation de collecte devrait et pourrait être financée sous conditions de remise ad hoc d’équipements intègres ou non cannibalisés.
  • Sur le démantèlement, cette activité devrait purement et simplement être interdite et réservée aux opérateurs habilités.

Sur le financement de ces activités, à l’évidence et partout où le respect des engagements environnementaux est exigé, le marché des fractions valorisable ne peut pas couvrir la totalité des couts liées à la collecte, au démantèlement et au traitement des fractions. Un système d’écotaxe doit se mettre en place et au Cameroun, la logique de la taxation des importateurs (ou fabricants) rendu opérationnelle.

Devenir des fractions issues des D3E ?

Concernant les capacités de l’écosystème Camerounais pour absorber tous types de fractions issus des activités de traitement des DEEE, trois axes se dégagent :

  • Développer les coopérations inter-filières pour mettre en place des technologies de valorisations de matières. Exp : le plastique.
  • Développer des infrastructures d’enfouissement des déchets inertes ou dangereux et souvent non exportables.
  • Développer les logiques d’incérations, soit spécialisées pour destructions contrôlées, soit pour valorisation en rapport avec des processus industriels pour lesquels certains déchets représenteraient des combustibles potentiels (ex : cimenteries)

 

Echantillons de fractions issues du démantèlement des DEEE
Échantillons de fractions de Déchets Électroniques
La puissance publique, voire la législation, doit initier et accompagner ces changements.